André (à gauche) et Daniel (à droite) ont tous les deux vécu les mauvais traitements de la Belle Etoile de Mercury ©Radio France
André (à gauche) et Daniel (à droite) ont tous les deux vécu les mauvais traitements de la Belle Etoile de Mercury ©Radio France
André (à gauche) et Daniel (à droite) ont tous les deux vécu les mauvais traitements de la Belle Etoile de Mercury ©Radio France
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À Mercury, en Savoie, le centre de redressement catholique de la Belle Etoile a accueilli des centaines d'enfants, dans les années 1950 jusqu'aux années 1970. Mauvais traitements, coups, malnutrition faisaient le quotidien de ces jeunes garçons. André et Daniel racontent.

"Depuis l'âge de mes neufs ans, j'ai pratiquement toujours été enfermé"

Enfant, André est battu par sa mère. À la demande de son père, il est placé par le juge des enfants dans le centre de redressement de Mercury. C'est avec horreur qu'il découvre l'âpreté des conditions de vie en vigueur dans l'établissement, "on dormait sous les toits, il n'y avait pas de chauffage", "on n'avait quasiment rien à manger", "il ne fallait pas se faire piquer en train de prendre une pomme parce qu'on était puni directement au repas qui suivait".

André se rappelle les coups, et autres punitions, subis à l'époque, "le curé nous faisait courir l'un derrière l'autre, à poil, pieds nus dans la neige, devant tout le village", "des fois, les claques étaient tellement fortes qu'elles me faisaient tomber". Après avoir quitté le centre, André enchaîne les braquages et les condamnations, "depuis l'âge de mes neufs ans, j'ai pratiquement toujours été enfermé".

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"C'était l'enfer à la Belle Étoile"

L'année de ses deux ans, Daniel est placé par la DDAS. Il est hébergé, avec son frère, par une femme âgée, qui n'est rapidement plus en mesure de s'occuper des deux garçons. C'est sur décision de leur assistante sociale que Daniel et son frère se retrouvent à Mercury. Lui aussi, décrit un établissement extrêmement violent et coercitif, "on se prenait des raclées, des coups de ceinturon, par le curé lui-même".

À sa sortie du centre, Daniel avait 15 ans, et pesait 32 kilos seulement. Il découvre alors l'athlétisme et décide d'y consacrer le reste de sa vie, "je suis devenu entraîneur", "je n'ai jamais réussi à gueuler sur les gamins".

  • Reportage : Antoine Guirimand
  • Réalisation : Somaya Dabbech

Merci à André et Daniel.

Merci aussi à Clémence Davigo, réalisatrice du film Les Oubliés de la Belle Étoile. Le film sera diffusé le mardi 11 juin sur Lyon Capitale TV. Il sera disponible à partir du 21 juin et pour deux mois sur Tënk, en partenariat avec Mediapart. Le film sera également projeté en festivals en mai et juin.

Musique de fin - El corazón es agua, Toti Soler & Sílvia Pérez Cruz

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